Que diriez-vous si demain votre vie changeait du tout au tout ?

Qu’en l’espace de quelques heures vous ne pouviez plus marcher, parler et effectuer les tâches les plus simples de la vie quotidienne? Le témoignage qui suit est réel et peut nous arriver n’importe quand.

C’est à la suite d’une longue et dure journée de travail à la mine de Joutel, sur le chemin du retour que Marius à 27 ans, subit un accident routier.

En effet, le 2 février 1988 fut un changement marquant dans la vie de monsieur. Laissant dans l’inquiétude, l’insécurité, le désarroi et l’inconnu sa femme enceinte de cinq mois et demi, après sept mois de mariage seulement.

Marius a été dix-sept jours dans le coma accompagné d’une double pneumonie. C’est vers la fin de février qu’il sort enfin de l’hôpital d’Amos. À cette période, tout est encore confus dans sa tête. Cependant, avec la volonté de s’en sortir et le support quotidien de sa conjointe, il récupère lentement mais sûrement. Ensemble et avec l’aide de quelques personnes autour, ils réussissent à passer au travers d’une période bouleversante de leur vie. Madame atténue les crises d’agressivité de Marius et essaie tant bien que mal à contrer la persévérance de celui-ci.

Quand il est question d’un choc à la tête suffisamment important pour endommager non seulement la boîte crânienne mais également le cerveau, on utilise l’appellation « traumatisme cranio-cérébral ». Lors d’un tel choc, toutes les dimensions d’une vie sont affectées : physique, cognitive, affective, familiale, sociale et professionnelle. Les personnes qui ont subi un traumatisme cranio-cérébral se fatiguent très rapidement. Souvent, les gens pensent qu’ils sont paresseux ou lâches, mais ce n’est pas le cas. Les victimes de TCC doivent mettre beaucoup plus d’efforts.

En 1991, conscient de ne plus être en mesure de reprendre le travail de mineur, Marius retrousse ses manches et retourne sur les bancs d’école. Il désire obtenir un diplôme en boucherie. Sa détermination l’amène à occuper plusieurs années à différents endroits un poste dans ce domaine. Il devient même gérant des viandes. Monsieur aime ce travail. Par contre, à cette époque, il connaît peu ses limites suite au traumatisme crânien et il se voit dans l’obligation de laisser cet emploi.

Les années passèrent et les emplois se succédèrent; de la conciergerie au débroussaillage puis de nouveau à la conciergerie conjointement à l’agent de sécurité sur rappel, Marius continue à garder le moral. Aujourd’hui, il sait que la fatigabilité, la pression, la production, la prise de décision, les imprévus, l’attention et la mémoire sont les limites avec lesquelles il doit composer à chaque jour. Malgré ces faits, il lutte et persiste afin que sa famille et lui puissent maintenir leur qualité de vie. Ainsi le travail lui permet d’arrondir les mois, de socialiser, de rehausser son estime de soi, sa confiance en soi et de se valoriser en tant que personne à part entière.

En terminant, le couple chérit un projet commun. Qui sait peut-être seront-ils entrepreneurs un jour!
Et rappelez-vous, il suffit de peu pour que votre vie soit complètement bouleversée. Personne n’est à l’abri d’un accident. Ce traumatisme peut affecter tout le monde, à tout moment.